Confortable [libre]

Quelques lieues de la clairière... De sombres colonnes, des lierres rampantes et des chandeliers éclairent une demeure inhospitalière. La lune était ronde et pleine, brillait de toute sa splendeur au dessus des bois. Une ombre s'approchait lentement du domaine autrefois abandonné qu'étais désormais la villa de Lilith. Les corbeaux annonçaient son arrivée depuis quelques minutes déjà et se pressaient au seuil de l'entrée, les yeux jaunes et l'encolure brisé. La dame claqua la porte derrière elle, faisant fuir par la peur les volatiles.
Les flammes de la cheminée se consument doucement et de lourdes braises se détachent des bûches calcinées, crépitant sombrement dans le grand salon.

Les choses changent…

Sa voix chuchotait dans les ténèbres partielles de ses appartements, les ombres chancelantes, sur les murs clairs, au rythme de l'âtre crépitant. Elle s'assit sur un sofa des plus confortable et se servit d'un verre disposé au bord d'une table basse sculpté dans du granit noir. Le liquide bordeau ne trahissait pas sa couleur. Il s'agissait bien là d'un vieux vin.

Une aura attirait son attention, alors que son esprit s’ouvrait à la méditation. Une présence passait dans le couloir et non loin de son confortable salon. Un souffle, une ondulation et un regard foudroyant... L’animal en question était un aspic blanc. Il rampait en sillonnant sur le parquet de chêne brossé qui mène au salon. Lorsque les lueurs de l’âtre qui encadraient de pas de la porte passa sur ses écailles blanche il se glissa à l’intérieur de la salle et observa les alentours, gouttant l’atmosphère de sa langue vicieuse.
Habituée aux visites de reptiles et autres créatures présentées comme venimeuses ou dangereuses, Lilith avança sa main délicatement mais sans crainte pour recueillir l'animal qui se glissait le long de son bras. Elle l'aimait, approchait son visage de la gueule de la vipère en lui chuchotant des mots doux.

Le serpent se laissait prendre et glissa sa peau luisante et glacée sur la chair froide de la demoiselle. La gueule relevée vers cette dernière il goûta son odeur envoutante.
Les mots qu’elle lui glissait firent dévier son visage sur son avant bras, remontant jusqu’à son épaule, s’enroulant autour de ses chairs pour se nouer à sa nuque… Il ne serait pas, prenait simplement appuis.
Sa langue vint se fourcher à l’oreille de la jeune femme.

* Les serpents, puis l'amour. Insidieux tous les deux. Hypocrites. Venimeux. Dangereux. Violents. Sauvages. Les mêmes vertus… Ils font le mal et puis s'en vont.

Pourquoi les hommes sont-ils si cruels avec nous, Lilith ? *

La créature avança un peu plus, remontant sa gueule vers l’œil de la jeune femme, de profil, plongeant le sien dans son iris.

* Belle créature aussi dangereuse, hypocrite, venimeuse, violente et sauvage que l'amour... Tu rampes docilement pour embrasser ta proie avant de la dévorer. Maligne, sournoise, tu es d'une nature séductrice et imprévisible... Tu m'attires. Et tu comprendras un jour que ceux qui n'ont pas voulu sombrer dans la folie de l'âme regretteront leur vie misérable. *

Les flammes de l’âtre se consumaient doucement et de lourdes braises se détachaient des bûches calcinées, crépitant sombrement dans le salon.
Le serpent ne bouge pas plus, laissant la demoiselle lui répondre, dégageant légèrement sa gueule de son visage pour la regarder en face.
Le baisé qu’elle effleure sur ses lèvres de l’animal ne le perturbe en rien et l'animal quitta les lieux doucement, sans rien ajouter. A la suite de cela, la jeune femme aux allures de sauvage disciplinée fermât les yeux et s'emporta dans ses songes...

La nuit était déjà bien avancé tandis qu'une ombre se profila sous la douce lueur envoyer par la lune pour éclairer un minimum cette endroit. Un homme à l'allure sombre, portant un chapeau ainsi qu'un long manteau tout aussi noir que la nuit se trainait péniblement à travers une forêt qu'il crut interminable.
Cette homme n'est autre que William revenant d'une de ses "missions" qui fut un peu plus compliqué que prévu. Si il s'attendait à devoir éliminé un homme armée jusqu'au dents dans son bureau ? Certainement pas ! Enfin, il y a survécu, c'est le plus important, mais dans quel état... Et le voilà là, trainant son corps à travers cette sombre forêt tenant son bras gauche refusant de bouger des suite d'une blessure prise lors de la réalisation de son contrat. Sans compter, la fatigue qui s'est emparé de notre homme.
Marchant tel un corps sans vie, le voilà se tenant devant une espèce de villa un peu laissé pour cause, cependant, la fumée s'échappant de la cheminé montre bien que quelqu'un vie encore en ses lieux. Peut-être le salut pour William ou bien autre-chose... Après plusieurs minutes pour reprendre son souffle, il se décida enfin de s'approcher de l'entrée. Et, une fois devant la lourde porte, n'ayant plus de force, William s'affala au sol. Laissant alors tomber une de ses deux armes à feu. Dans un élan de courage, il frappa lourdement à la porte en s'asseyant contre le muret juste à coté de cette dernière.
Mais il réside tout de même un problème si William reste inerte. Vous l'aurez facilement deviner, il s'agit bien évidement de ses foutus corbeaux qui n'attendent que l'occasion de pouvoir s'empiffrer de notre homme. Ses derniers commencèrent d'ailleurs à se reprocher de William d'un air vicieux. William prit alors son autre pistolet et tira une rafale sur ses oiseaux de mauvaises augures qui prirent la fuite de peur à nouveau avant que William ne perde finalement conscience devant cette lourde porte.
Si les coups qu'il avait donné sur la porte n'eurent pas réveillé qui que se soit dans cette gigantesque demeures, les coups de feu, eux, l'ont surement fait.

Deux heures trente deux minutes... Et la lune brillait encore d'une lueur éclatante. Une pluie d'étoiles s'émerveillait les songes de Lilith... Cependant, un sursaut s'empressa de la reveiller. Un coup de feu non loin de sa demeure, son lieu de repos. Qui cela pouvait-il être ? L'avait-on pisté ? Les tueurs de sorcières s'en prenaient-ils à elle ?

Encore ces maudits chasseurs... Ils n'ont pourtant pas compri la leçon la dernière fois ?!

Son regard parut plus inquiet qu'à son habitude. Alors d'un mouvement rapide, elle se leva de son confortable sofa pour se précipiter à côté de sa fenêtre qui donnait sur l'avant de sa villa...
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle entrevit à travers les lattes de bois pourri par les mites, un homme sur le pallier, dans un état plus défensif qu'offensif. A la vue des corbeaux s'envoler de nouveau, il n'y avait aucun doute à se faire : il était mourant...

La porte d'entrée s'ouvrit toute seule. Lilith se rassit sur un fauteuil, sa coupe de vin à la main, observant William vautré à l'entrée, à travers la grande ouverture. L'intérieur de la demeure était plutôt accueillant et chaleureuse. Elle fit d'abord un signe de tête au jeune homme, l'invitant à rentrer.

Qui es-tu ?

Lilith glissa sa tête sur le côté, observant le jeune homme tenter de résister à la fatigue. Elle ressentait certes en lui une aura plus sombre qu'il n'en avait l'apparence. Le charmant garçon était-il donc capable de grandes choses. Certainement lui-même s'était-il imposé ses propres limites. Il n'était ni sorcier, ni nécromancien, ni mage... Il en avait pourtant les capacités. Elle le ressentait. Alors, le sourire aux lèvres, elle but une gorgée de son pourpre liquide.

La lourde porte s'ouvrit seul et William put voir à l'intérieur de cette gigantesque demeure, une femme à l'apparence magnifique lui fit alors un signe de tête pour l'inviter à entrer. L'intérieur de cette villa était magnifique et chaleureux contrairement à se que l'on pourrait croire venant de l'extérieur. La jeune femme lui demanda alors qui il était. Bien sur, n'allait pas dire à n'importe qui que vous êtes un chasseur de primes, sa ferait mauvaise figure devant la société. Rassemblant à nouveau ces forces, William se releva en ayant pris soin de ramasser ses pistolets et le ranger comme il le put, il franchit l'entrée de cette demeure dans un essoufflement fortement prononcé !

- Will... Reprenant un peu de respiration... William Thunder... Homme à tout faire.

La porte se referma à nouveau seul tout comme elle s'était ouverte quelques instants avant. William lança un regard en arrière et ne voyant personne, il fut prit un peu de panique sans pour autant le montrer. Serait-il tomber chez une de ses fameuses sorcières de Salem ?! Non, ce ne sont que des histoires voyons... C'est se qu'il aurait bien crut quelques années avant mais depuis qu'il s'est installé dans la ville de Salem, il eut beaucoup de contrat visant à chasser quelques esprits malfaisants. Au début, il ne croyait pas en "ces contrats comédie", mais plusieurs dizaines de contrats sur le même thème tombèrent de tout les cotés, pour qu'il finissent par en accepter un histoire de voir se que les gens appelaient: "un esprit malfaisant". Quel fut sa surprise en voyant diverses fantômes et démons devant lui. Il avait donc finit par y croire.
Et le voilà, devant se qu'il pense être une sorcière de Salem. La peur l'avait envahie mais il ne le montrait pas, il était assez doué pour cacher ses émotions au regard des autres. C'est alors, qu'avalant sa salive et en prenant une profonde et nouvelle inspiration:

- Pardonnez... mon intrusion si peu courtoise... Respire avec un peu de mal... Connaissez-vous... le médecin le plus proche ?

Il fit passer son bras gauche sous son manteau pour le cacher bien que cette réaction fut un peu tardive mais il ne voulait pas montrer ses blessures à cette demoiselle surtout après l'avoir dérangé si tardivement et voudrait quitter au plus rapidement cette demeure pour ne pas la déranger plus longtemps !

La grande horloge affichait deux heures et quarante minutes cette fois-ci. Et le jeune homme passa le pallier, soufflant tel un soldat blessé au combat. Les sourcils de Lilith se plissèrent et sa bouche lui sourit hypocritement. Elle sentait la peur s'emparer de lui et se délectait du doux parfum de sa vigilance.
Le garçon reprenait son souffle et parla à voix faible... Prononçant son nom. Il ne semblait pas mentir. Mais lorsqu'elle porta son regard sur son bras, celui-ci s'empressa de le cacher derrière son manteau. Elle eut un rire discret, ne dévoilant que la pâleur de ses dents supérieur à la lueur de l'âtre.

Hahaha... Et pourquoi un... Homme à tout faire s'égare-t-il aussi profondément dans cette sombre forêt ?

Déposant sur le rebord de la table, son verre encore à moitié plein de vin, elle s'avança d'un lentement vers William, l'entendant respirer de plus en plus bruyamment à chacun de ses pas. Il était étrange qu'il semble si pressé. Le poursuivait-on ? Quoi qu'il advienne si c'était le cas, elle n'aurait de mal à se débarrasser de ces gêneurs. Un sourire narquois sur les lèvres et le regard pourtant si mielleux qui ne cessait de pénétrer celui de l'invité.

Je suis le médecin le plus proche... As tu peur de moi ? Résisteras-tu où te joues-tu de moi...

Lorsqu'ils furent en contact, elle saisit délicatement le bras de William et posa sa main au dessus de la blessure. Une pâle lumière survola le sang... Celui-ci se mit à coaguler de façon plus rapide que prévue. Une croûte envahie la plaie et celle-ci se confondit à sa peau, reprenant son aspect normal, comme à son origine. Elle savait qu'elle courrait un risque, mais elle n'avait pas l'envie de se faire un ennemi ce soir. Alors elle reposa son regard sur William. Elle attendait de savoir sa réaction. Presque sûre que celui-ci utiliserait ses joujoux à feu vainement, comme chacune de ses rencontres.

La question qu'il ne faut pas poser. Pourquoi errait-il dans cette forêt lugubre ? Et pourquoi pas en passant ? William n'avait pas l'habitude de faire face à des sorcières alors il ne faut pas s'étonner si il a un peu peur en se moment. Et encore fallait-il qu'il trouve une ruse pour ne pas dévoiler sa vraie nature enfin son vrai travail.
C'est pourquoi, après avoir regagner un peu de son souffle, il répondit courtoisement à la jeune femme, enfin si on peut dire (d'après sa présentation elle est beaucoup plus vieille XD)

- J'avais pour mission de retrouver quelqu'un, chose que j'ai faite et qui m'a conduit à m'égarer dans ce bois.

Cependant, après sa réponse, il vit la jeune femme déposer son verre encore à moitié plein sur la table à coté d'elle tout en se levant et venant d'un pas lent mais gracieux vers lui. Evidement, la peur prenait à nouveau le dessus et sa respiration était de plus en plus forte suite à cela. Tout en arborant un sourire narquois, elle annonça alors à William qu'elle était le médecin le plus proche. Après cette annonce elle ajouta une question et un choix pour William. Elle lui demanda si il avait peur d'elle et si il allait résister ou se jouer d'elle. Pour répondre à la question: sur le coup il avait peur mais il se calmait peu à peu. Après tout, elle n'a pas l'air d'être mauvaise. Par contre, quand au choix qu'elle laissait à William, ce dernier ne comprit pas vraiment à quoi elle faisait allusion.
C'est à ce moment là, qu'elle attrapa son bras et un lueur pâle survola les blessures de William tout en les soignants ! William ne s'attendait certainement pas à cela, sa c'est sur mais bon, il n'y a pas de quoi avoir peur. Pourquoi l'aurait-elle soigné si c'est pour se battre avec lui après ? William replongea alors son regard dans les yeux de son hôte et lui dit:

- Vous me demandez si j'ai peur... Ai-je une raison d'avoir peur ? Certes, vous êtes, sans doute, une de ses fameuses sorcières de Salem dont tout le monde parle mais je suppose que je n'ai aucune raison d'avoir peur ou je me trompe ?

Tandis qu'il disait cela avec une grande assurance, sa peur s'était dissipé mais il restait tout de même sur ses gardes et instinctivement, sa main droit descendit se posé non loin d'un de ses deux pistolets. Non pas par peur, plutôt par méfiance !

Lilith se remémorait ses siècles de souvenirs. Il y avait cette époque si lointaine... Mais pourtant inoubliable, où la jeune femme (d'apparence) fut l'esclave d'un peuple des montagnes. Les mains enchaînées et d'incessants coups de fouets menaçaient la sorcière d'une mort certaine. La traversée de paysages enneigés lui brûlaient les pieds et les tissus de sa robe en haillon ne protégeaient en rien son corps si frêle. Un craquement, un arbre mort s'abattit sur un garde de l'escorte. Avachie sur le corps du garde, elle le soigna de toute sa volonté. Ce geste la sauva du bûcher, certes... Mais l'esclave désormais libre ne pouvait encore faire confiance aux hommes.

Il y avait encore la fois, sous le règne d'un roi surnommé "Le bon" de nos jours, où Lilith fut poursuivie par l'inquisition. Recluse, elle se cachait, guettant le moindre danger. Une cabane abandonnée près des Pyrénées fut son seul refuge. Les visites n'étaient que belliqueuses...

Non, tu n'as aucune raison d'avoir peur... Malgré tout, beaucoup de tes congénères auraient été effrayés et n'auraient pas réagis de la sorte.

Elle lui tourna le dos, s'avançant vers la cheminée pour se réchauffer. Lilith frictionnait ses mains avec vigueur. Sa peau était glacée, blanche, cadavérique... Elle trembla un instant avant de se retourner et de voir William approcher sa main de son arme. Elle fit un mouvement brusque du bras vers le plancher. Une bourrasque fit virevolter son pistolet en arrière en se cogner contre le mur avant de retomber sur le plancher en un fracas infernal. Les yeux de Lilith fixèrent l'homme avec colère.

Ce n'est pas avec cette babiole ridicule que tu me tueras !

Il est normal qu'en présence d'une sorcière, on prenne peur et que l'on est pas la même réaction que William. Cependant, en y réfléchissant un peu, si elle avait voulu le tuer, il serais certainement déjà mort et elle n'aurait pas prit la peine de le soigné auparavant !
William allait répondre alors la femme lorsqu'une bourrasque fit s'envoler son son arme qui alla heurter le mur et retomber sur le sol dans un fracas infernal. William ne sursauta pas cependant, il resta les yeux figer sur l'emplacement de son arme avant qu'il ne s'envole. Il n'a fallut qu'une demi-seconde avant qu'elle ne disparaisse de cette endroit.
Autant dire que si il avait un jour comme contrat de l'abattre, il n'avait aucune chance dans l'état actuel des choses... Il se tourna alors et alla ramasser son arme lentement pour ne pas la brusquer et lui donnait une mauvaise idée de se qu'il faisait.

- Je me doute bien que mes simples armes ne serait pas d'une grande utilité face à vous. A la vue de se que vous venez de faire, je n'auras aucun mal à me faire tuer avant de pouvoir même avoir l'idée de vous blesser, ou même de vous égratigner...

William caressa lentement son arme et vit que le canon avait subit quelques dommages suite à son envol. Il risquait de devoir le réparer un peu en rentrant... Enfin, il allait le démonter pour le nettoyer de toute façon alors tant qu'à faire... Il le rangea à nouveau et se tourna vers son hôte qui avait un regard assez froid d'un coup. Elle a dut se méprendre sur les intentions de William. Lui n'était pas venue là dans le but de la tuer loin de là. Je ne pense pas non plus qu'il ai vraiment voulut venir ici de lui-même à la base...

- Ne vous méprenez pas sur mes intentions ! Je ne suis pas ici pour vous tuer loin de là... Ma présence ici n'est qu'un pur hasard. D'ailleurs, je suis assez surpris de voir que quelqu'un habite en ses lieux si éloigné de la ville !

Des ténèbres… froides et aussi profondes que la mort. Pourquoi s’entêter à s’approcher de la lumière si c’est pour mieux la laisser s’échapper. Une flamme dans l’ombre, un espoir alimenté par la peur de voir… d’entrevoir la vérité, le visage qui s’y cache…
Le noir, l’obscurité et l’oubli… Peut-on ouvrir les yeux et ne percevoir que les ténèbres de la nuit ? Des ombres, des noirceurs dénuées de clarté, d’espoir, de survie…
La vie est bien triste, lorsqu’on ne la considère pas comme une chance. La mort pourrait être une solution, si toute fois elle n’était pas perçue comme l’anéantissement. La fin de tout et principalement de cet esprit néanmoins précieux et de ses instincts de survie.
La survie…

Le regard de Lilith s'allonge sur William, comme un manteau de noirceur enveloppant corps et âme. Ses iris ténébreuses la fixent sans fond, sans expressivité, avec cette seule présence qu’offre les sépultures grises et froides des nécropoles… Elle l’écoute, buvant ses paroles, buvant sa silhouette et son regard même.

Cela t'étonne ? Mon comportement ne doit pas t'offusquer mais l'expérience de la vie m'a appri à me méfier d'autrui. Il n'y a qu'ici que je peux avoir la paix. Entre les inquisiteurs extrêmistes et les chasseurs de primes...

Elle plongea son regard narquoi dans celui de William, plein de sous-entendus avant de s'avancer d'un pas aussi lent qu'à son habitude vers la grande table. Elle versa par la suite dans un verre à pied, le contenu d'une liqueur semblable à ce qu'elle buvait à son arrivée... Elle s'avança ensuite vers le jeune homme en lui tendant le verre, le sourire aux lèvres...

Il est claire qu'être une de ses fameuses sorcières de Salem apporte son lot de problèmes quotidien. Elle se met sur la défensive lorsqu'elle rencontre un inconnu et c'est normal. Cependant, quelque-chose avait un peu gêné William qui détourna son regard d'un air un peu perdu. Elle avait parlé des chasseurs de primes. Elle les tenait en tant qu'ennemis en quelque-sorte. Dire que William en était un. Cependant, il avait menti à son hôte. Mais il faut dire qu'il ne ment pas vraiment non plus, un chasseur de primes est un homme à tout faire dans le but d'obtenir une prime. Bien que la plupart du temps, il s'agisse d'une tête à ramener...

- Je vois...

William dit cela d'un air lassé. Tout le monde avait un peu la même image des chasseurs de primes et cela était un peu normal me direz-vous. Mais on est pas tous méchants vous savez ?! Enfin, William jugea alors, par un excès de confiance sans doute, qu'il était dans l'obligation de lui dire la vérité. Après tout, elle lui avait sauvé la vie en quelque-sorte, il lui devait au moins cela.
William retira alors son manteau, le laissant apparaitre alors dans un magnifique costume noir, chemise blanche et cravate noir doublé de son chapeau habituel qu'il retira alors laissant apparaitre ses cheveux noir coiffées en arrière. On pouvait également voir ses deux pistolet rangé dans leur étuis sous sa veste de costume. Il mit son manteau en suspension à son bras qui était un peu plus tôt blessé tout comme il tenu son chapeau de cette même main. La sorcière lui apporta alors un verre avec un liquide similaire au sien. Il le prit tout en la remerciant d'un signe de tête mais ne but pas un gorgée. Il le déposa sur une petite table qui trainait là.
Il s'inclina alors en avant en passant son bras gauche avec tout son bordel sur son ventre et tendit son autre bras sur le coté avant de se présenter convenablement.

- Je pense qu'il est inutile de vous mentir. Aussi je préfère vous le dire de suite avant que vous ne l'appreniez autrement. J'aurais pu le garder pour moi, mais vous m'avez sauvé alors que vous n'aviez pas à le faire, je vous dois au moins la vérité. Je ne suis pas vraiment un homme à tout faire. Je suis un chasseur de prime moi-même... Mais n'ayez crainte, je n'ai pas de contrat vous concernant pour le moment et je vous dois la vie donc même si j'en avais un, je le laisserais de coté.

William avait-il fait le mauvais choix en déclinant sa véritable identité ou bien était-ce le bon choix ? Seul l'avenir nous l'apprendra.

Du haut de son mètre quatre-vingt, la sorcière faisait dos à la lueur flamboyante de l’âtre. Sa longue chevelure brune rayonnait autour de ses épaules, au rythme des flammes qui dansaient sur leur propre déchéance.
Lilith leva la tête vers son locuteur pour le regarder sans avoir à lever les yeux. Elle s’écarta de l’ombre pour laisser la luminosité ocre éclairer la moitié de son visage.
Ses iris dorées se portaient sur le jeune homme, et ses lèvres pourpres et fines s’entrouvraient lentement pour laisser souffle le son de sa voix :

Ainsi donc... * cela ne m'étonne guère venant de votre part... *

Le plancher brossé de la grande pièce semblait roussir, à la lueur des flammes de l’âtre… L’ombre aspirait le fond de la pièce et finira par l’englober, lorsque toutes les bûches seront consumées. Les tissus que portaient William sur sa peau lui allaient à ravir et son confondaient à l'ambiance qui régnait sur le domaine.

Je pense qu'il sera inutile désormais que je vous coupe la langue pour quevous ne puissiez pas dévoiler à autrui le secret que je garde au fond de ces bois. Car je vous fais confiance...

Elle prononça ces mots d'une tonalité légère, presque une voix d'enfant. La clareté qui régnait en maître depuis son arrivée se réduisait petit à petit... C'était aussi bien ainsi. La longue jupe noire de Lilith dansait au rythme des flammes qui se faisaient plus rares et son corset retenait sa respiration. Elle observait en silence l'apparence de William. Quel agréable panorama que cet être là.

Couper la langue ?! J'espère bien que c'était une plaisanterie là ! Enfin, moi je dis sa pour William ! Enfin bon, même si c'est une plaisanterie, elle a dit qu'elle ne le ferait pas. Puisse cela être véridique.
Tandis que la luminosité de la pièce se réduisait petit à petit, un silence s'était installé dans le manoir. William avait les yeux rivé vers la jeune femme dont la robe allait et venait au rythme des flammes derrière elle.
William prit alors nouveau son verre et décida enfin de gouter à ce nectar que lui avait servit son hôte. Hôte dont il ne connait toujours pas le nom. C'est pourquoi, après avoir gouter à la boisson qui lui avait été servi, il osa briser ce silence:

- Pardonnez ma curiosité, mais puis-je vous demander comment je dois vous appeler ?

Il reprit alors une légère gorgée de cette liqueur qui lui avait été servi un peu plus tôt avant de reposer à nouveau son verre sur la même petite table qu'auparavant.
Le temps d'avoir la réponse, William observa à son tour la jeune femme qui était, pour le moins, séduisante. On ne rencontre pas des femmes de ce genre à chaque coin de rue.
William n'avait pas l'habitude à faire à des gens, encore moins des femmes et beaucoup moins des femmes séduisante comme l'était son hôte, hors du cadre professionnel ! Il ne savait pas vraiment de quoi discuter pour passer le temps.

Le poignet gauche recroquevillé sur sa poitrine, la jeune femme maintenanit le visage bas, les iris fixes et vidées de toute pensées. Elle ressentait, juste ressentait et écouter le coeur de la forêt... Aucun ennemi à l'approche... Ils étaient seuls. Soudain, ses paupières cillèrent doucement. Elle les tint fermées quelques longues secondes puis se redressa, les rouvrant sur William.

Je me nomme Lilith. Lilith Lozaren...

Elle n'ajouta aucun mot de plus. Certes, son nom était bien plus long et bien plus complexe. Mais il se contenterait certainement de cette appellation. Sa bouche se délia légèrement… elle retroussa insensiblement sa lèvre supérieure, dégageant ses dents blanches. Sa mâchoire se desserra… Lilith passa sa langue sur ses canines, laissant son regard observer les environs à l’affût des echos. Elle entendait les appels des morts, de ses victimes dans la forêt. Le cimetière s'animait et les cadavres parlaient entre eux. Elle l'entendait... Elle entendait ces abominations chuchotter entre elles et complotter sur sa mort. Malheureusement pour eux, ils ne parviendront jamais à l'abbatre. Une brume s'installe au dehors….
L’air s’était engouffré dans la demeure, rafraîchissant les lieux d’une légère brise de la nécropole, soudainement coupée par la fermeture de l’accès que Lilith s'empresse de précipiter... Puis elle fermit les rideaux.

Alors elle se détourna vers William. Ses mains se dessérèrent et elle s'excusa d'un hochement de la tête.

Ne les entends-tu pas ? Ils m'appellent, ils veulent marcher de nouveau... Mais nous ne les laisserons pas revivre...

Elle semblait folle. Il ne devait certainement pas comprendre de quoi il sagissait. Alors le regard plein de vices, elle sourit à son invité.

Un petit jeu, ça te dit ?

Un serpent s'enroula autours de la jambe de Lilith, le regard perçant dans la profondeur des yeux de William, comme une provocation de la part du reptil... Elle avança d'un pas sûr vers son convive, ses yeux ne le lâchait pas et ses lèvres souriant encore de ses idées.

Voudrais-tu savoir ce qu'il y a après la mort ? La sensation que l'on ressent lorsque l'on souffle son dernier soupir ? Les grands avantage de n'avoir aucun receptâcle pour ton âme ? Et puis retourner par la suite dans ton corps après cette mystérieuse aventure...

Sa voix murmurante glisse aux oreilles du jeune homme comme celui d'un serpent.

Ce ne sera ni douloureux, et je garanti ton retour sous peu... Qu'en dis-tu ?

Sa y est, William connaissait enfin le nom de son hôte. C'était au moins une chose de faite. Un silence s'installa à nouveau. La jeune femme détourna le regard, comme perdu ailleurs, perdu dans ses rêves ou dans le monde. Après tout, qui sait se qui peut passer dans la tête d'une sorcière si tardivement.
William détourna à son tour son regard sur l'intérieur de la demeure de Lilith. Il faut bien avouer que l'extérieur ne reflète pas du tout se qui se trouve à l'intérieur de celle-ci. Le feu qui illuminait un peu la pièce quelques instants auparavant, déclinait encore de plus en plus, enfonçant nos deux protagonistes dans la pénombre de plus en plus noir.
La température ambiante de la pièce s'était également rafraichit. Un peu plus, et William aurait froid. Les paroles suivantes de Lilith paraissaient bien mystérieuses pour William. Elle lui demanda si il les entendait. Mais entendre qui. L'affirmation suivante répondit à cette question. D'après se que William avait comprit, il s'agissait des morts qui veulent remarcher, revivre. William ne répondit rien à cela, n'étant pas vraiment dans le contexte de la sorcellerie et tout se qui s'y rapproche.
Caché derrière un sourire pour le moins vicieux, la jeune femme demanda alors si William voulait jouer à un petit jeu. Ne comprenant pas vraiment, William s'interrogeait sur la sorte de jeu:

- Un jeu ?

Par la suite, un serpent s'enroula autour de la jambe de Lilith fixant sournoisement William, lui lançant presque un défi de cette façon. Lilith, qui avait avancé d'un pas sûr vers William, expliqua alors son "jeu". Elle voulait faire en sorte que l'esprit de William quitte son corps, le laissant pour mort en quelques-sortes de tel façon à se qu'il puisse connaître l'effet de la mort, lorsque l'esprit quitte un corps inerte. Elle ajouta d'ailleurs par la suite que cela n'était pas douloureux et qu'il reviendrait dans son corps après cela comme si de rien n'était.
Pour ma part, je voudrais bien savoir se que cela ferait mais William, lui n'était pas vraiment de cette avis. Après avoir reculé d'un pas incertain et un peu craintif, il déclina l'offre poliment tout en expliquant les raisons de son refus:

- Euh... Non, je n'ai pas vraiment envie de savoir pour le moment. Voyez-vous, je pense qu'il y a un temps pour chaque choses. Un temps pour vivre, un temps pour mourir, rendre son dernier souffle. Je préfére attendre de découvrir se que cela fait par moi-même quand le moment sera venu.

La jeune femme haussa les épaules, le sourire aux lèvres. Les intentions de William était sages, peu de personnes auraient acceptés de se livrer d'eux même à une expérience de mort passagère. Mais ce fut un beau présent qu'elle se serait permise d'offrir. La sensation de mort est plus agréable que n'importe quel moment de notre vie. Une sensation indescriptible qui plonge le corps dans un etat d'extase ubuesque. Que les hommes sont matérialistes... Le serpent rampa le long du plancher et se précipita au travers d'une porte à moitié close.

Bien, c'est ce à quoi je m'attendais...

La jeune femme se rassit sur son sofa, regardant les flammes se consummer lentement. Le feu crépitait à une allure plus calme qu'à son habitude. Et c'était signe d'une grande fatigue pour Lilith... Elle fermit discrètement les yeux, avalant sa salive. La dernière fois qu'elle s'était prêtée à ce genre d'expérience, l'âme ne souhaitait plus retourner dans son récéptacle. Et elle fut obligée de l'exorciser des lieux et de se débarasser du cadavre... Pourtant, William aurait été un bon "outil d'entraînement", étant donné que son corps venait juste d'être soigné. Ce fut d'ailleurs les raisons de son geste généreux. Elle aurait préféré qu'il accepte de lui servir de cobbaye pour ses exprériences plus ou moins douteuses. Tant pis, la prochaine fois qu'un visiteur se réfugiera dans sa propriété, elle ne lui laissera pas le choix.

Votre compagnie me fut plus qu'agréable William... Mais je crains ne plus avoir à vous offrir... Je pense qu'il est tant que vous repartiez. Le village pourrait s'inquièter de ne plus vous revoir sortir de cette forêt, qui plus est très dangeureuse en ces nuits.

Peu de personnes auraient acceptés de mourir volontairement juste pour voir se que cela fait. Et Lilith s'attendait au refus de William. William la regarda alors s'installant sur son sofa. La nuit était bien avancé maintenant, nul doute qu'il était tout deux fatigué. William reprit alors son verre et le termina avant de le reposer sur cette même petite table tout en écoutant les paroles de son hôte.
Elle lui annonça qu'il était temps qu'il s'en aille et que le village pourrait s'inquiéter de ne le voir revenir de cette forêt. En résumé, elle le fichait un peu dehors de façon polie. Et c'est tout à fait compréhensible vu l'heure. William jeta alors un regard sur les flammes qui ne tarderait pas à s'éteindre non plus. Il s'approcha alors de Lilith et lui prit la main en s'agenouillant devant elle. Il déposa un baiser sur sa main tout en disant:

- Je vais donc m'en aller. Merci de votre hospitalité, et de m'avoir soigné en plus de cela.

Il lâcha la main de Lilith et se recula alors en récupérant son manteau et son chapeau, qu'il enfila. Il fallait tout de même qu'il donne une petite précision concernant le village et lui à son hôte:

- Le village ne sait pas qui je suis. Il se moque éperdument de ma disparition ou de ma mort. Il serait même heureux d'être débarrassé de moi, je pense. Enfin bon... Sur ses bonnes paroles, mademoiselle Lozaren, je vous souhaite une agréable nuit et je vous remercie encore une fois pour tout se que vous avez fait pour moi. Au revoir.

William ouvrit alors la lourde porte. Il sortit de la villa et referma lentement la porte. Il regarda alors autour de lui et ne vit pas grand chose. Il se mit alors à marcher les mains dans les poches vers le lac puisque c'est là-bas que se trouve son domicile.

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